L'Attracteur     No. 3     Automne 1996 LA REVUE DE PHYSIQUE ISSN 1207-0203

UN PHYSICIEN AU COEUR DE LA SMIS


Marc Leclair, diplômé en physique, travaille depuis 1993 à la Société de Microélectronique Industrielle de Sherbrooke.

Marc Leclair étudie en physique à l’Université de Sherbrooke de 1984 à 1988. Il opte pour le régime coopératif et fait un stage pour Mitel à Bromont et un autre au Centre de recherche pour la défense à Valcartier (CRDV). Il poursuit ensuite des études de deuxième cycle en génie électrique sur un sujet biomédical. «Le groupe de recherche dans lequel je travaillais, explique-t-il, oeuvrait au niveau des implants pour stimulations nerveuses.» Il contribue donc à la réalisation d’un implant cochléaire qui permet aux gens sourds profonds d’entendre de nouveau. «Je travaillais spécialement sur le problème de la transmission des données et de l’énergie à travers la peau», ajoute-t-il.

Marc Leclair joint la Société de Microélectronique Industrielle de Sherbrooke (SMIS) en 1993. La SMIS est une entreprise sherbrookoise fondée en 1982 à l’initiative du département de génie électrique de l’Université de Sherbrooke.

«La SMIS, explique le physicien, est une entreprise qui offre des services de conception et de développement de produits dans les domaines de l’électronique, de la microélectronique et de l’informatique. Depuis l’idée originale jusqu’à la production présérie, on peut participer à toutes les étapes qui mènent à la réalisation du produit.» Cette entreprise est composée en majorité d’ingénieurs en électronique et en informatique. Ses activités se situent principalement dans les domaines des télécommunications, du contrôle énergétique, de la domotique (les maisons intelligentes) et de la télémesure. Parmi les réalisations de la SMIS, citons entre autres la conception de systèmes de contrôle énergétique pour Hydro-Québec ou encore le développement de systèmes de mesure à distance du niveau des réservoirs de gaz propane.

Responsable du laboratoire de microélectronique, Marc Leclair décrit son travail en disant : «Outre la conception, je vois à ce que le produit soit réalisé avec toutes les implications sous-jacentes.» À son arrivée à la SMIS, il a structuré le laboratoire. Aujourd’hui, il voit à la bonne marche des travaux, au développement de l’outillage et à l’amélioration des divers procédés utilisés. «Je m’occupe aussi des achats et de l’entretien du matériel, note le physicien. Je dois vérifier que la marchandise reçue réponde à nos normes de qualité. De plus, comme c’est un laboratoire à atmosphère contrôlée, je m’assure de sa propreté.» Marc Leclair indique cependant que : «parmi tous les cours que j’ai faits au bac, il n’y en a pas beaucoup dont le contenu s’applique directement dans mon travail quotidien. Sauf qu’il y a une philosophie et des outils de travail que j’applique effectivement, mais conjointement à une vision d’ingénieur.» De façon plus spécifique, depuis son arrivée à la SMIS, Marc Leclair a dû entreprendre des démarches pour introduire de l’hydrogène dans son laboratoire et pour installer un réservoir industriel d’azote liquide. «Ça semble peut-être simple à première vue, expose-t-il, mais comme notre entreprise est situé dans un édifice public (pour ceux qui connaissent Sherbrooke, la SMIS est située au dernier étage de l’édifice Télé 7), j’ai dû entreprendre de nombreuses démarches avant de réussir. Ces dossiers ont nécessité des études de coûts et de faisabilité, des ententes avec le service des incendies de la Ville de Sherbrooke et le propriétaire de l’édifice ainsi que le suivi des travaux d’installation. Le tout devant être conforme aux règles de sécurité.»

Seul physicien au sein de l’entreprise, M. Leclair souligne la différence des mentalités et des intérêts entre les physiciens et les ingénieurs. «Nous n’avons pas la même vision des choses, spécifie-t-il. Ma formation de physicien me permet d’aborder les phénomènes d’une manière microscopique alors qu’un ingénieur sera beaucoup plus préoccupé par l’aspect macroscopique des mêmes phénomènes. Instinctivement, je n’ai pas la même approche que les ingénieurs. Travailler en commun, ajoute-t-il, nécessite donc une acclimatation. Il faut s’adapter pour communiquer et pour transmettre nos points de vue.» Malgré ces petits inconvénients, il semblerait que le travail conjoint entre physiciens et ingénieurs permette souvent d’obtenir de bons résultats, voire excellents. Le travail multidisciplinaire offre donc une avenue intéressante pour l’obtention de meilleurs résultats. Mais, pour qu’il soit effectif, il faut dépasser les limites du cloisonnement traditionnel entre les départements et les facultés. C’est une voie dans laquelle Marc Leclair s’est déjà engagé. Néanmoins, cette piste demeure sous-développée dans la plupart des universités. Il faudrait y voir !

Mathieu Deschamps



Dernière mise à jour: 14 novembre 1996.

Mise en page par Gilbert Vachon

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