L'Attracteur
No. 13
Hiver 2002 |
LA REVUE DE PHYSIQUE |
ISSN: 1205-8505 |
La gravité… quoi de plus banal me direz-vous. Bien au contraire!
Rien de plus polémique! La gravité, cette force mystérieuse aux conséquences
facilement observables, intrigue les hommes depuis la nuit des temps. Ainsi
la gravité fut, en quelque sorte, la première observation dite « physique » de l’homme.
Cependant, même après 4000 ans d’étude, plusieurs facettes de ce phénomène demeurent
inconnues et la question : « Mais qu’est-ce que la gravité? » reste d’actualité.
Bien que précédemment abordée par les pythagoriciens, Aristote se risqua, le premier, à énoncer les premières bribes théoriques à propos de la gravité, loin de se nommer ainsi à l’époque. En fait, Aristote tente simplement d’expliquer pourquoi les objets tombent ou montent. Il conceptualise l’univers comme composé de quatre éléments : air, eau, feu et terre. Il les ordonne ensuite en strates dont la terre serait le centre (voir image). Ainsi, tout objet qui se composerait majoritairement d’un des quatre éléments tendrait invariablement vers la sphère qui lui est associée. Par conséquent, les humains et les roches, constitués de terre, tomberaient, mais l’air et le feu monteraient et l’eau s’écoulerait entre terre et air. Il sépare l'univers en deux : les mondes terrestre et céleste. Dans les cieux règnent la perfection, les corps idéaux suivent des trajectoires impeccables, c’est-à-dire circulaires. Il tente aussi certaines élucubrations quant à la vitesse des objets du genre : force proportionnelle à la vitesse. Selon lui, une flèche projetée d’un arc continuerait de se mouvoir grâce à l’air environnant qui propulserait le projectile. Et l’accélération? Très simple à expliquer : lorsqu’un cheval éloigné de son écurie y retourne, plus il approche, plus il court vite, car il s’empresse de revenir chez lui. De la même manière, une roche qui tombe accélère puisqu’elle se « hâte » de rejoindre la terre. Tût tût tût! Je vous entends ricaner d’ici… Ne riez pas, il fallait bien que quelqu'un fasse les premiers pas. De plus, les théories d’Aristote ont régné sans contestation sur le monde scientifique pendant presque 2000 ans avant qu’un type nommé Galiléo Galiléi s’amène avec son esprit tordu du XVIe siècle. |
Dans un ascenseur en chute libre,
si on lâche une pomme, elle flottera dans les airs,
tout comme si elle était dans l’espace. |
Tout comme une masse déforme un oreiller,
une masse modifie l’espace-temps environnant. |
Les masses ne « s’attirent »
plus à la manière de Newton, mais se déplacent simplement dans
cet espace-temps courbe où la ligne de plus grande pente suit la
géodésique du système. Prenons en exemple la surface de la Terre,
modélisée par une sphère. Le chemin le plus court entre deux points
ne correspond pas à une droite, mais à une courbe (voir la figure ci-bas).
Comme le montre la figure, la géodésique d’un système dépend grandement de
sa nature, en particulier de ses courbures. Donc, la lumière ainsi que
toute masse suivent le trajet le plus court DANS l'espace-temps, soit une
trajectoire souvent courbée. La prochaine étape pour Einstein consiste à
formuler mathématiquement ces courbures. Ne possédant pas les mathématiques
requises à la tâche qui l’attendait, Einstein demande les secours d’un ami
mathématicien et, quelques années plus tard, il établit les équations décrivant
la courbure de l’espace-temps. Heureusement, pour les petites masses et
les faibles vitesses, on obtient la loi de gravitation et les lois du
mouvement de Newton! Einstein, à l’aide de la théorie de la relativité générale, explique, de façon complète, les phénomènes gravitationnels. Sa théorie éprouvée plus d’une fois permet d'expliquer des phénomènes plus « tordus » les uns que les autres. Un léger pépin : la relativité demeure « incompatible » avec la deuxième révolution physique du siècle passé, la physique quantique. Malgré tous les efforts déployés en ce sens, rien ne réussit à lier définitivement ces deux géants de la physique. Un peu comme du temps avant Einstein, deux théories maîtresses gouvernent la physique, mais restent discordantes. Souhaitons qu’un ou plusieurs autres génies, à la Einstein, apporteront la solution aux problèmes actuels. Celle-ci serait certainement bien plus simple qu’il n’y paraît… |
En fonction de la surface géométrique, le parcours
le plus court entre deux points ne représente pas nécessairement une ligne droite. |
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