L'Attracteur No. 5 Automne 1997 | LA REVUE DE PHYSIQUE | ISSN 1207-0203 |
Les voyages forment la jeunesse, cest bien connu. Mais saviez-vous quils forment aussi les physiciens. Au Département de physique de lUniversité de Sherbrooke, plusieurs étudiants ont profité de cette forme particulière dapprentissage. Quils soient des étudiants de létranger venus étudier ici ou des Québécois partis à létranger, plusieurs futurs physiciens ont été mis en contact avec des réalités et des méthodes de travail différentes grâce aux divers programmes déchanges offerts à lUniversité de Sherbrooke. Éric Giorgi est un de ceux-là.
Même si le fait de travailler avec des personnes dune autre culture demande un certain temps dadaptation, le fait dêtre mis en contact avec des façons de travailler différentes ne peut quouvrir lesprit et permettre aux physiciens daborder leurs problèmes de manière novatrice.
Arrivé de la filière physique et applications de lUniversité de Grenoble au mois de janvier dernier, Éric est venu au Québec, à Sherbrooke, pour terminer sa maîtrise et aussi pour élargir ses horizons. Jai des amis qui ont été faire des stages en Belgique et en Angleterre, par exemple. Moi, javais envie de découvrir des gens différents, daller voir ailleurs comment ça se passe. Je voulais savoir comment les choses fonctionnent de lautre côté de lAtlantique. Et au niveau de lexpérience, Sherbrooke a une université assez reconnue dans son domaine. Dans le cadre de son échange, Éric devait suivre quatre mois de cours et deux mois de stage. Bien sûr, il navait pas une liberté totale dans ses choix de cours et de stage. Javais des consignes de la part des responsables à Grenoble. Je ne pouvais pas choisir des cours de danse ou de musique hawaïenne. Pour être plus sérieux, je naurais pas pu non plus choisir un stage en astrophysique théorique, puisque ma formation est surtout axée sur les applications. Mais, mises à part ces restrictions, nous (les étudiants) avions une marge de manuvre assez large. Évidemment, le fait de travailler avec des gens dune autre culture demande toujours une certaine adaptation : il faut sadapter à leur rythme, dans le même mode de pensées que les gens qui nous entourent pour pouvoir fonctionner efficacement avec eux. Sans avoir eu de choc culturel intense, le Québec nétant pas si différent de la France, Éric a été frappé par ce quil a vu au Québec. Il y a beaucoup de différence avec lEurope. Ici, les gens sont plus optimistes, plus volontaires et engagés dans ce quils font. Cest quelque chose qui se perd un peu en Europe, souligne-t-il. Pour ce qui est de la formation en tant que telle, les différences sont aussi marquantes. Le fait quil y ait moins détudiants fournit, selon lui, une formation de meilleure qualité. Les professeurs sont plus disponibles ici. Si tu en as besoin, tu peux aller les chercher et, surtout, les trouver. La philosophie de lenseignement est très différente aussi. Selon Éric, les Français se concentrent plus sur le côté formaliste de la physique, ce qui leur donne une meilleure assurance au point de vue mathématiques. Nallez cependant pas croire quil dénigre lenseignement au Québec, au contraire. Les cours ici [à Sherbrooke] font plus ressortir le côté intéressant, le côté utile de la physique. On arrive mieux à sentir ce qui est nécessaire et ce qui est plus désuet. En résumé, on se pose la question à savoir quest-ce quon cherche et pourquoi on cherche. Tandis quen France, ce côté là est moins défini. |
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Même si le fait de travailler avec des personnes d'une autre culture demande un certain temps d'adaptation, le fait d'être mis en contact avec des façons de travailler différentes ne peut qu'ouvrir l'esprit et permettre aux physiciens d'aborder leurs problèmes de manière novatrice. |
Mais peu importe les méthodes de travail et les cours suivis. La vraie force dun échange international est délargir nos modes de pensées, nous permettant de nous rendre compte quil existe dautres manière dagir, de raisonner et de voir la vie. Le fait davoir été mis en contact avec ces fonctionnements différents de lesprit est un atout que lon garde pour la vie. Éric Giorgi est bien conscient de la chance quil a eue. Je pense que le fait davoir vu deux manières différentes de vivre va changer ma vie quand je vais rentrer en France. Ça ouvre lesprit; tu vois des gens qui réfléchissent différemment, qui prennent les choses de la vie dune autre manière. On sait quil va y avoir un impact, quon va être différent. Mais savoir comment ça va se répercuter plus tard, cest vraiment impossible. Cest ce qui fait la beauté de la vie
a Loïc Franchomme-Fossé